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Finance verte : la BCE se dote d'indicateurs climatiques

La Banque centrale européenne veut mieux mesurer comment le changement climatique affecte le secteur financier, et comment ce dernier peut participer à la transition. Elle entend fournir des informations sur ce sujet, qui manque encore de statistiques fiables.

La BCE a décidé d'élaborer un premier jeu d'indicateurs sur le climat pour accompagner plus efficacement le verdissement de la finance.
La BCE a décidé d'élaborer un premier jeu d'indicateurs sur le climat pour accompagner plus efficacement le verdissement de la finance. (Shutterstock)

Par Guillaume Benoit

Publié le 26 janv. 2023 à 07:25Mis à jour le 26 janv. 2023 à 16:03

C'est une étape de plus pour la Banque centrale européenne dans son engagement pour l'environnement . L'institution de Francfort vient de présenter une nouvelle série d'indicateurs destinés à mieux mesurer l'impact des enjeux climatiques sur la finance.

Une avancée importante. « Nous devons mieux comprendre comment le changement climatique affectera le secteur financier, et vice versa, a expliqué dans un communiqué Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE en charge des opérations de marché. Pour cela, le développement de données de haute qualité est essentiel. »

Depuis l'arrivée de Christine Lagarde à sa tête, en octobre 2019, la banque centrale a fait de la lutte contre le réchauffement un de ses grands axes de développement. Elle a notamment renforcé la prise en compte des enjeux environnementaux dans sa politique monétaire, et pourrait même rééquilibrer ses propres portefeuilles de titres pour améliorer leur empreinte carbone.

Manque de données

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Mais elle s'est assez rapidement heurtée à une absence d'informations permettant d'avoir une image fiable des effets de l'activité du secteur de la finance sur le climat - positive ou négative - tout comme de ceux du réchauffement climatique sur les investisseurs, les assureurs ou les banques. Elle s'est donc attelée à la tâche, en utilisant au maximum les chiffres disponibles au sein de l'Eurosystème et d'autres sources publiques. « Les indicateurs sont une première étape pour aider à réduire le manque de données sur le climat, ce qui est crucial pour progresser davantage vers une économie neutre sur le plan climatique », a affirmé Isabel Schnabel.

Ces nouveaux outils sont répartis en trois catégories. La première concerne la finance dite « durable ». Elle recense les instruments de dette affichés comme « verts », « sociaux », ou « à objectifs durables » émis ou détenus en zone euro. Les premiers résultats montrent le dynamisme de ce marché - qui a plus que doublé en deux ans -, même si, reconnaît la BCE, « l'absence de normes internationalement acceptées et harmonisées sur la définition d'une obligation verte ou durable rend les données moins fiables dans l'ensemble ».

Rôles des banques

D'autres indicateurs portent sur les émissions de carbone financées par les institutions financières. C'est-à-dire l'intensité carbone des portefeuilles de titres et de prêts des institutions financières, ou leur exposition à des contreparties très émettrices de CO2. Les premières données suggèrent que les activités les plus intensives en carbone sont financées par le secteur bancaire, souligne la banque centrale. Ce qui confirme les reproches adressés par les ONG aux grandes banques . Les risques physiques liés au climat font l'objet d'une troisième série d'indicateurs qui mesurent l'impact des inondations, des feux de forêt ou des tempêtes, sur la performance des portefeuilles de prêts, d'obligations ou d'actions.

La BCE prévient néanmoins que ces travaux sont à un stade très préliminaire, « et qu'ils doivent être utilisés avec prudence ». L'objectif de la banque centrale est de susciter des échanges larges, tant avec des statisticiens et des chercheurs que des ONG, afin d'améliorer l'offre globale d'indicateurs sur ce sujet. De son côté, elle va travailler avec les banques centrales nationales de l'Eurosystème sur la méthodologie et la recherche de données. Et elle compte sur les nouvelles règles de transparence sur le climat édictées par Bruxelles dans la directive CSRD pour faire émerger de nouvelles sources d'information.

Autant d'investissements dans les énergies vertes que dans les énergies fossiles en 2022

L'an dernier, les investissements visant à favoriser la transition énergétique ont atteint 1.100 milliards de dollars. Soit un montant équivalent à celui investi dans la production d'énergie fossile, selon les calculs de Bloomberg. C'est une première ! Ces efforts vers l'énergie verte ont été encouragés par la hausse des prix du pétrole et du gaz. Mais ils restent insuffisants. Il faudrait dépasser les 3.000 milliards d'investissements annuels au cours des 10 prochaines années pour espérer arriver à la neutralité carbone d'ici à 2050, souligne Bloomberg.

Guillaume Benoit

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